Parcs nationaux, réserves naturelles et naturisme
Deux exemples d’actualité

(Paru dans Naturisme Magazine n° 13)


Dans « Parc naturel » ou « réserve naturelle » d’un côté et « naturisme » de l’autre il y a bel et bien la notion de « nature ».

Rien d’étonnant à ce que les deux notions soient à un moment donné ou un autre, appelées à se rencontrer.

Mais qu’est-ce qu’un « Parc national » ou une « réserve naturelle » ? Il s’agit schématiquement d’une zone territoriale « naturelle » à mettre en valeur et à préserver, (tout comme également un « parc naturel régional », qui n’est pas concerné par les deux exemples ci-dessous) .

La législation en la matière est essentiellement contenue dans les articles 331-1 à 331-17 du Code de l’environnement pour ce qui concerne les parcs nationaux, 332-1 à 332-27, articles auxquels nous renvoyons pour plus de précisions.

Nous allons d’abord opérer un bref aperçu de ce qu’est un parc naturel avant de voir comment le naturisme peut avoir sa place dans cet édifice.

Les éléments « constitutifs » d’un parc national et d’une réserve naturelle son sont :

-En premier lieu bien évidemment une zone territoriale (article 331-1 pour les réserves naturelles et 332-1 pour les parcs nationaux)

 

-Ensuite, le texte qui régit la zone en question et fixe les modalités d’atteinte du but fixé, en l’occurrence la préservation de celle-ci. Ici il s’agit d’une« Charte » pour les parcs nationaux : elle « définit un projet de territoire traduisant la solidarité écologique entre le cœur du parc et ses espaces environnants » (article 331-2 alinéa 1), et d’un décret s’agissant des réserves naturelles (article 332-8)

 

-Un organisme de gestion : ici, un établissement public créé par le décret en conseil d’état qui créée le parc national (article), un établissement public, un groupement d’intérêt public ou une association dédiée pour la réserve naturelle (article 332-8)

La question qui se pose maintenant est de déterminer en quoi le naturisme peut-il trouver sa place dans un dispositif concernant une zone naturelle à mettre en valeur et à préserver..

Or après avoir rappelé que dans « naturisme », il y a le préfixe « natur… », nous pouvons nous référer à la définition du naturisme telle qu’elle a été adoptée par la fédération internationale en 1974 savoir « une manière de vivre en harmonie avec la nature, caractérisée par la pratique de la nudité en commun, ayant pour but de favoriser le respect de soi-même, le respect des autres et de l’environnement. »

Dans cette définition, qui a acquis sa validité avec « l’âge » il est question de respect de l’environnement. Ceci entraîne, dans la mesure où cette validité n’est pas remise en cause, le fait que la Charte d’un parc national peut tout-à-fait prévoir la pratique du naturisme dans la zone du parc. Il en est de même pour le décret créant la réserve naturelle.

Or si ce texte prévoit cette pratique dans tout ou partie de ladite zone, cela a pour conséquence d’en écarter l’application de l’article 222-32 du code pénal, pour ce qui concerne bien entendu la nudité sans attitude ou comportement sexuel.

En effet, cette nudité n’est plus « imposée » au sens de cet article.

 

Qu’en est-il des applications concrètes ? Elles sont au nombre de deux actuellement :

-En premier lieu dans le « Parc naturel régional des Monts d’Ardèche » où est situé le camping de la « Plage des Templiers » soutenu par le CNGA et la FFN, qui rencontre, malgré des efforts méritoires, quelques difficultés « pratiques ».

 

-Et enfin dans la zone du projet du « Parc national des Calanques de Marseille », où, par l’action notamment de Bruno Saurez, Président de l’Association des naturistes phocéens et administrateur de l’APNEL, la pratique du naturisme est en bonne voie de figurer en toutes lettres dans la charte, ce qui constituerait une avancée importante.

 

A) Camping de la plage des templiers et réserve naturelle.

Il s’agit de la « Réserve naturelle des gorges de l’Ardèche ». Il est géré par le Syndicat de Gestion des Gorges de l'Ardèche.

Dans la zone de cette réserve au bord de la rivière de l’Ardèche, se trouve le « camping de la plage des Templiers ». La préfecture a soulevé depuis plusieurs années déjà des problèmes de conformité aux normes de sécurité, incendie notamment, puis a fini par faire l’objet d’un arrêté de fermeture administrative. L’attitude peu conciliante de l’ancien propriétaire a sans doute joué un rôle dans le blocage de la situation.

Une association s’est constituée, le Club naturiste des gorges de l’Ardèche, qui a jeté toutes ses forces pour la préservation du seul lieu naturiste de l’Ardèche, allant jusqu’à travailler bénévolement afin de réaliser une partie des travaux.

Un repreneur a été trouvé, qui a réalisé cette année d’autres travaux très importants de mise aux normes. La « commission de sécurité », organe compétent pour constater la réalisation des travaux et donner un avis favorable à la réouverture des lieux tarde plus que de raison à se réunir, sans qu’il soit possible de déterminer si ce retard est dû à des raisons pratiques, ou à une autre raison. Nous espérons qu’il ne s’agit pas d’imputer au repreneur et aux acteurs locaux l’attitude très peu constructive il est vrai, du propriétaire précédent.

La FFN a lancé une pétition pour que le Camping des Templiers soit préservé. Nous ne pouvons qu’encourager à la signer.

 

B) Parc des Calanques et naturisme : trois questions à Bruno Saurez

Y’a-t’il une pratique historique du naturisme dans cette zone ?

« On peut dater le début de la pratique du naturisme dans les Calanques à partir de 1907 avec l’abbé LEGRÉE, emmenant ses jeunes ouailles prendre des « bains de soleil », d’après les archives que j’ai retrouvées. La seule interruption dans cette pratique semble avoir été pendant la période de la deuxième guerre mondiale jusqu’à trois-quatre ans après la fin de la guerre.

« Les jeunes emmenés par l’abbé Legrée prendre des bains de soleil devenus adultes, ont créé en 1928 l’Association naturiste de Provence (dissoute en 2001. Ils ont dû créer cette association pour obtenir l’autorisation d’utiliser l’hôpital Caroline au Frioul avec l’autorisation du maire de l’époque, comme « camp » naturiste.

 

Ou en est la procédure de classement ?

« La 3èmeversion de la charte a été votée le 27 juin dernier. Une 4ème version est en cours d’écriture et sera soumise à avis d’environ 200 acteurs locaux ayant participé aux réunions de concertations, dont moi en tant que Président de l’ANP, puis au vote du Conseil d’administration du GIP des Calanques puis à enquête publique.

La pratique du naturisme figure toujours dans cette 3ème version. A ma demande il a été rajouté à celle-ci la mention de cette pratique depuis 1925 avec comme exemple le Dr POUCEL.

 

Y’a-t’il eu des obstacles jusqu’à maintenant à la pratique du naturisme dans cette zone ?

« Les fondateurs de l’association naturiste de Provence ont dû créer celle-ci après avoir pratiqué le naturisme dans les calanques, et y avoir même randonné (il s’agit des premiers exemples connus de « randonues » dans la région), suite à une campagne médiatique pas très bienveillante.

Les premiers naturistes étaient presque tous médecins ou autre profession médicales. Ils ne voulaient pas que cette pratique ne porte préjudice à leur travail.

Actuellement il n’y a pas d’opposition connue. Il y a même une meilleure compréhension de celle-ci notamment par les associations de protection de l’environnement

Sans mon intervention initiale au nom de l’APNEL, le risque aurait été la disparition du naturisme dans la zone, du fait de l’accroissement de la fréquentation touristique générée par l’instauration d’un parc national. »

 

Pour conclure, nous ne pouvons que dire bravo à tous les acteurs présents pour préserver le naturisme, dans les Gorges de l’Ardèche ou dans les Calanques.

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