Possibilité pour les femmes d’enlever le haut en

public dans l’État de New-York

(Première partie d'une chronique parue dans "Naturisme magazine" N° 27)

 

La réputation des Etats-Unis est d’être une nation puritaine au possible. Il est vrai que la religion y occupe une place importante, et que la censure semble plus indulgente en matière d’images de violences que d’images de corps humains.

La réalité est plus complexe. C’est une nation composée de cinquante États qui disposent d’une autonomie législative importante, notamment en matière de droits des individus : droit civil (notamment divorce), droit pénal (qualification des crimes et délits, sanctions), sauf les crimes et délits « fédéraux », droit fiscal, législation sur les armes, les jeux, les drogues.

Ainsi, la peine de mort est de la compétence des États.

Il est en donc de même en matière de mœurs et de nudité. La législation, tout comme la perception de la nudité n’est pas la même dans un État de la Côte ouest, ou de la Côte est, par rapport à l’un des États de la zone de la « Bible belt », ou « ceinture de la bible ».

L’État de New-York  confirme ce fait : il a fait parvenir aux 34.000 membres des forces de l’ordre un mémo leur rappelant que pour une femme, exposer sa poitrine en public n’était pas un crime précisant même : "Même si se montrer seins nus attire beaucoup l'attention, les agents devront dans ce cas disperser la foule et adopter des mesures coercitives".

Donc, non seulement celles qui adoptent ce « code vestimentaire » ne sont pas en infraction mais les policiers devront les protéger des quidams trop curieux !!

Les forces de l’ordre ou certains de leurs membres ne manifestant qu’un enthousiasme modéré à s’abstenir de poursuivre, une condamnation à des dommages-intérêts d’un montant de 40.000 dollars a été prononcée au bénéfice de Holly Van Hoast, photographe et « performeuse » arrêtée une dizaine de fois pour être sortie en ville « topless ».

En fait, les autorités n’ont fait que rappeler les termes d’une décision de justice du… 7 juillet 1992, de la City Court de la ville de Rochester.

Étaient poursuivies Ramona Santorelli, Mary-Lou Schloss et cinq autres femmes pour avoir pique-niqué sans le haut.

Le fondement légal était l’article 245.01 du Code pénal de l’État intitulé « The exposure of a Person" qui dispose notamment que :

"A person is guilty of exposure if he appears in a public place in such a manner that the private or intimate parts of his body are unclothed or exposed. For purposes of this section, the private parts or intimate parts of a female person shall include that portion of the breast which is below the areola. This section shall not apply to breast feeding of infants or to any person entertaining or performing in a play, exhibition, show or entertainment."

Est réprimé le fait d’apparaitre en public de telle façon, qu’une partie intime du corps soit découvert ou exposé. Est ainsi donnée une précision anatomique : pour une femme, sera considérée comme partie intime la zone du sein au-delà de l’aréole. Les performances artistiques et l’allaitement étaient exclues de la loi.

La juridiction les a déclarées non coupables en raison du principe non-discrimination entre hommes et femmes

Selon elle le texte légal qui fondait les poursuites est discriminatoire à l’encontre des femmes et qu’il ne sert aucun intérêt gouvernemental important  (« serves no important governement interest »).

Elle notait également que cette législation avait été adoptée à l’origine afin de décourager le développement du métier de « serveuse seins nus ». Par conséquent la loi s’appliquait encore dans un « contexte commercial ».

C’est donc l’interdiction de discrimination hommes-femmes qui a joué en l’espèce.